Le retour de Discovery, plongeon à haut risque vers la Terre[06/08 - 12h36]
La navette spatiale Discovery, désarrimée samedi de la Station spatiale internationale, (ISS) effectuera lundi un plongeon à haut risque vers la Terre, tentant d'effacer le souvenir de la désintégration de Columbia durant cette descente vertigineuse il y a deux ans et demi.
"Faire une rentrée dans l'atmosphère n'est pas ce que des gens normaux et sains d'esprit appelleraient sûr, ce n'est jamais à 100% sûr", convenait récemment Wayne Hale, directeur-adjoint du programme de la navette à la Nasa.
Le signal du grand plongeon est donné une heure avant l'atterrissage par un petit coup de frein résultant de l'allumage pendant trois minutes des deux petites fusées de manoeuvre en orbite. La navette se trouve alors au-dessus de l'océan Indien, aux antipodes du Centre spatial Kennedy, près de Cap Canaveral.
La décélération d'environ 300 km/h, alors que la navette est encore lancée à près de 29.000 km/h, est suffisante pour la faire décrocher de l'orbite et débuter le plongeon.
Les couches supérieures de l'atmosphère commencent à se faire sentir 25 minutes plus tard, à 129 km d'altitude et plus de 8.000 km de la Floride. La navette perd alors de l'altitude au rythme de 9 km par minute. Sa transition est en cours, elle n'est plus un vaisseau spatial.
"On a pas le droit à l'erreur, avec ce qui n'est plus qu'un gros planeur", a commenté vendredi Paul Hill, l'un des directeurs du vol de Discovery.
Ventre face à la Terre, cabrée à 40 degrés, la navette poursuit son plongeon. Son angle d'attaque lui permet de pénétrer dans les couches les plus denses de l'atmosphère. Un angle plus faible la ferait ricocher telle une pierre sur un plan d'eau. Un angle plus élevé lui ferait prendre trop de vitesse et surchauffer. La moindre erreur de calcul serait fatale.
A une trentaine de minutes de l'atterrissage, Mach 25 et à 85 km d'altitude, les quatre "élevons" à commande hydraulique commencent à devenir efficaces.
Situés sur le bord arrière des ailes, ces surfaces remplissant le rôle des ailerons sur les avions permettent à la navette de débuter une série de grands virages allant jusqu'à 80 degrés d'inclinaison, pour ralentir la navette tout en augmentant son taux de descente.
A 26 minutes de l'arrivée, la navette est encore en vol hypersonique, à Mach 19. Les tuiles thermo-protectrices de son ventre et les plaques de carbone sur le bord des ailes et le nez la protègent des frictions de l'air qui atteignent leur température maximum de 1.650 degrés.
Une brèche dans ce bouclier avait causé la désintégration de Columbia en 2003, à 16 minutes de l'atterrissage, alors qu'elle se trouvait à 61 km d'altitude à 2.254 km de la Floride. Sa vitesse était de 21.252 km/h (environ Mach 19). Elle était en train d'effectuer un virage, inclinée à 57 degrés.
A 10 minutes de l'arrivée, la navette file encore à Mach 7,3 (environ 10.000 km/h) à 43 km d'altitude. Deux minutes plus tard, à Mach 5, la navette devient contrôlable par le pilote, à 36 km d'altitude.
Quatre minutes avant l'arrivée, à 40 km de Cap Canaveral, la navette passe sous le mur du son (Mach 0.9). Le pilote aligne la navette sur la trajectoire finale, par un long virage à 360 degrés.
A une minute et 30 secondes de l'atterrissage et 4.500 m d'altitude, la navette file vers la piste située à 10 km, à 518 km/h. En phase d'approche finale, la navette descend vers la piste environ 20 fois plus vite qu'un avion de ligne.
A 33 secondes et 600 m d'altitude, la navette cabre le nez pour la dernière manoeuvre de freinage aérodynamique.
A 20 secondes et 100 m d'altitude, le train d'atterrissage est sorti.
A 10 secondes, la navette franchit le seuil de la piste d'atterrissage.
Au contact du train arrière avec la piste, à 354 km/h, les freins aérodynamiques sont déployés au maximum. Le parachute est ouvert. Le pilote abaisse le nez de la navette pour poser le train avant. Les freins sont appliqués. Le parachute, devenu inutile, est largué. La navette s'immobilise.
Source : AFP
Ya du changement... Discovery