La cuisine française perd l'un de ses pionniers au Japon, le chef Murakam [04/08 - 11h23]
La cuisine française a perdu un de ses pionniers au Japon, avec le décès du chef Nobuo Murakami, considéré comme un "Bocuse" nippon pour avoir contribué à la faire connaître depuis les années 1940.
Murakami, ancien chef du plus prestigieux hôtel de Tokyo, l'Impérial, est mort d'une crise cardiaque mardi à l'âge de 84 ans, ont indiqué jeudi ses proches.
"Nous perdons un des grands piliers de la cuisine française au Japon", déclare à l'AFP Dominique Corby, un chef-cuisinier parisien installé au Japon.
"Il participait à tous les grands évènements gastronomiques. Il avait une espèce d'aura. Je pense que pour tous les jeunes Japonais qui faisaient de la cuisine française, c'était comme un Dieu vivant", affirme M. Corby, le décrivant comme l'équivalent d'un Paul Bocuse.
Avec son collègue Masakichi Ono, chef également décédé d'un autre palace de Tokyo, l'Okura, Murakami fut un des premiers cuisiniers japonais à concocter des plats français pour ses compatriotes aisés, dès le début des années 1940.
"On peut dire qu'avant eux, la gastronomie française n'existait pas au Japon", assure Dominique Corby.
Avant la Seconde Guerre mondiale, l'hôtel Impérial était "considéré comme la vitrine de la cuisine française au Japon", explique Yoshiki Tsuji, président de l'école hôtelière Tsuji, une des plus importantes institutions culinaires de l'Archipel.
"Nobuo Murakami a réussi flatter le palais des Japonais. Il insistait également sur la simplicité de la gastronomie française en expliquant souvent que la ménagère japonaise pouvait cuisiner français chez elle", souligne M. Tsuji.
Profitant du rayonnement des grands hôtels de la capitale, la restauration française s'est peu à peu développée au Japon, selon M. Corby qui relève également le rôle de chefs français tels qu'André Pachon dans les années 1960-70.
Murakami, célébrité de l'Archipel, où il participait aussi à des émissions de TV culinaires, avait été embauché dès l'âge de 18 ans à l'Impérial. Jusqu'à sa retraite, en 1996, on l'y voyait arpenter les couloirs coiffé de sa toque et ne quittant jamais sa veste blanche.
"Il avait une conception très classique de la cuisine française: celle des plats accompagnés de sauces très consistantes", témoigne M. Corby, chef cuisinier à l'hôtel New Otani d'Osaka (ouest).
"Mais, avec Ono, il a su inciter des générations de Japonais à aller en France apprendre à cuisiner", dit-il.
Depuis une dizaine d'années, la cuisine française proposée dans les restaurants japonais a considérablement évolué, vers des plats plus raffinés, légers, présentés de façon plus "sophistiquée", et plus adaptée au goût des Japonais, selon M. Corby.
Murakami, un Tokyoïte de stature replète, décrit comme "humble", "discret" et "bon vivant", avait effectué un stage de trois ans à l'hôtel Ritz à Paris de 1955 à 1958.
Il fut notamment chargé de concocter les menus des athlètes lors des Jeux olympiques de Tokyo en 1964, et organisa de nombreux banquets officiels, en l'honneur d'invités de marque comme la Reine Elizabeth en 1975.
Il était également vice-président de la Fondation Auguste Escoffier (du nom du chef français) au Japon, chargée de perpétuer les traditions de la cuisine française. La Fondation compte une centaine de chefs.
Source : AFP
Le chef Nobuo Murakami