Posted 19 December 2005 - 10:57
Cérémonie à Paris à la mémoire des victimes françaises du tsunami
[18/12 - 22h06]
La France a rendu hommage dimanche à ses 95 ressortissants emportés par le tsunami en Asie du sud le 26 décembre 2004, lors d'une cérémonie en l'église de la Madeleine à Paris marquée par la retenue et l'émotion de proches qui attendaient beaucoup de ces instants.
Quatre-vingt quinze cierges ont remonté la travée centrale de la Madeleine, dimanche, avant d'être placés au pied de l'autel, où officiaient des religieux de plusieurs cultes pour cette cérémonie qui se voulait interreligieuse.
Auparavant certains n'avaient pu contenir leurs larmes à l'énoncé des prénoms, par une nonne bouddhiste et un rabbin, des 95 disparus.
Ce drame "nous invite à nous dire: pourquoi pas moi, pourquoi eux?", s'est interrogé pendant son homélie le père Bernard Mollat du Jourdin, curé de la Madeleine.
"Ces jeunes qui ont péri ont eu une vie courte, très courte mais je l'espère bien remplie", a-t-il poursuivi, "ils sont un appel à remplir nos vies jusqu'au bord en servant, aimant, partageant".
Le rabbin Haïm Korsia a pour sa part invité les présents à choisir la vie, soulignant que les proches des victimes et rescapés sont désormais un groupe humain à part, unis par un lien unique. "La plus belle des prières sera l'oeuvre de vos mains", a-t-il ajouté, en soulignant l'action pour la reconstruction de certains.
Quelque 350 personnes, familles de victimes et rescapés, mais aussi le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy et les ambassadeurs de plusieurs des 42 pays ayant perdu des ressortissants, outre la France, assistaient à la cérémonie.
"Ca fait du bien, pour un certain temps, mais ce n'est pas gagné", a réagi Martine Sivade, qui a perdu son fils Carl, 29 ans, le 26 décembre 2004.
"Cela fait ressurgir énormément de choses, cela fait émerger des images très douloureuses mais c'est très important: on ne peut pas enfouir cette histoire trop rapidement", a-t-elle ajouté, encore secouée.
Auparavant, aucune cérémonie officielle n'avait été organisée. Une seule, informelle avait eu lieu, à l'initiative des familles des disparus, le 26 juin place du Trocadéro à Paris.
Depuis beaucoup avaient encore dû traverser des étapes difficiles, qui pour soigner ses blessures physiques, mais aussi liées au traumatisme, qui pour continuer à chercher le corps d'un proche disparu.
Sur les 95 victimes, 89 ont été identifiées, et pour certaines pas avant le mois de septembre. Par ailleurs 244 personnes au moins ont été blessées.
"C'était un grand moment, un fort moment de fraternité. Au bout d'une année de difficultés, c'était bon de se retrouver", a estimé Stéphane Gicquel, président de l'association des victimes du Sofitel de Khao Lak.
"Un hommage national (...) un soutien aux familles des victimes était indispensable pour se sentir soutenu par l'ensemble du peuple français", a déclaré pour sa part la présidente de l'association des victimes et rescapés du tsunami, Violaine-Patricia Galbert, elle même rescapée du raz-de-marée en Thaïlande.
Une autre cérémonie se tiendra le 26 décembre à Phuket en Thaïlande, à laquelle devraient assister une vingtaine de proches des victimes françaises qui feront le déplacement en Thaïlande selon Mme Galbert.
Celle-ci a salué le "magnifique" geste de la Thaïlande qui offre un billet d'avion par famille de victime, depuis le pays d'origine, et deux nuits sur place, en pension complète, pour une personne.
Tous les blessés sont en outre invités, a-t-elle indiqué.
Source : AFP