Essai Audi R8 Driving Expérience : Le jour parfait
Si vous êtes un amateur d‘automobile sportive normalement constitué, il est fort probable que vous ayez déjà craqué pour un stage de pilotage organisé par un prestataire classique au volant d’une F430 ou d’une 911 GT3. A la fin de ce stage, sans doutes étiez-vous heureux de pouvoir dire « j’ai roulé en Ferrari » entouré de vos amis et marqué à vie par une expérience aussi courte qu’intense. Hélas, l’euphorie passée, vous réaliserez surtout que vous venez simplement de passer quinze minutes avec une voiture de sport sur un circuit minuscule en ne dépassant pas 80 km/h et en freinant 300 mètres avant les virages, le tout avec en passager un moniteur de conduite ultra-autoritaire dont le seul rôle est d’épargner à tout prix la mécanique de votre monture. Au final, vous serez quand même heureux, mais aussi très frustré de n’avoir pu faire qu’une gentille petite promenade au volant d’une voiture de rêve. Alors, est-il possible de vraiment se faire plaisir au volant d’une voiture de sport dans le cadre d’un stage de pilotage? La réponse est oui, mais pour cela il faudra chercher ailleurs…
…Par exemple chez Audi . Peut-être pour mettre l’accent sur un palmarès en compétition plutôt étoffé en cette dernière décennie, Audi lançait il y a quelques années son programme Driving Experience, ###çu comme une véritable école de conduite capable d’initier n’importe quel conducteur lambda aux techniques avancées en matière de pilotage, le tout bien évidement au volant d’une auto de la marque aux anneaux.
Fin 2007, Audi profitait de l’arrivée de la méchante R8 pour lancer une nouvelle variante de stage, plus poussé que les précédents : monté en collaboration avec Oreca, le R8 Driving Experience était né et il prétend proposer le nec plus ultra en matière d’initiation au pilotage sur une voiture de sport.
Pas question de se limiter aux habituels petits circuits club de région parisienne. Le Stage R8 prend place sur le Paul Ricard HTTT, utilisé pour l’occasion dans une configuration réduite avec un tracé qui comprend les enchaînements de la Sainte Baume, la première partie de la Ligne Droite du Mistral et qui coupe avant la ligne droite des stands.
Le Stage R8 s’articule autour d’une grosse journée qui commence très tôt le matin. Dès 08H15, rendez-vous est donné à Signes au sein des locaux d’Oreca, Partenaire d’Audi pour l’organisation du programme. C’est à ce moment précis qu’on prend réellement conscience de la teneur de la journée, entre la vision de la petite dizaine de R8 alignées sur le parking et le briefing des pilotes stagiaires : on y parle déjà de transfert de masses et de freinage dégressif, puis l’excitation atteint encore un pallier supplémentaire lorsqu’il faut se diriger vers les autos pour démarrer et rejoindre le circuit après un petit trajet routier.
Une fois au volant de l’auto, direction le HTTT. Et soudain, on se rend compte que le programme vient à peine de commencer et qu’on va rester toute la journée aux commandes de cette chose basse et trapue affublée de sa gueule de supercar et en compagnie du bruit rauque du V8 juste dans le dos. Bref, on commence tout juste à imaginer le bonheur à venir.
Vorsprung Durch Technik
Pour autant, ce n’est surtout pas chez Audi qu’on va se contenter de simplement s’amuser sur circuit avec une voiture de rêve. C’est bien connu : à Ingolstadt, on aime ( beaucoup ) la rigueur alors on a tout fait pour donner une vraie dimension pédagogique au stage.
Une fois arrivée sur le circuit, chaque R8 est répartie entre trois pilotes et la matinée est composée exclusivement d’exercices de pilotages. Tout commence avec un atelier « freinage » où on se rend déjà compte du monde qui sépare les pilotes des gens normaux. On poursuit avec un exercice de trajectoires, puis une troisième étape plus complexe où il faut reproduire tout ce que l’on vient d’apprendre afin d’avoir le meilleur passage en courbe possible. Audi pousse le vice du Vorsprung Technik au point de placer un radar à la sortie du virage pour relever les vitesses de chaque stagiaire, histoire d’évaluer sa marge de progression ( on gagne près de 20 kilomètres / heure entre les premières et les dernières tentatives ! ).
Quant aux moniteurs-pilotes, ils vous fournissent une assistance tout simplement providentielle. Toujours là pour observer -à distance- vos évolutions, ils parviennent à comprendre tout de suite les défauts de chaque stagiaire dans son pilotage et lui fournisse après chaque passage de précieux conseils pour les corriger. « Tu plonges trop tôt vers l’intérieur du virage » « tu n’utilises pas assez le poids de la voiture pour garder un grip suffisant et éviter le sous-virage » il suffit d’écouter à chaque fois leurs conseils et ça marche, c’est presque magique. On arrive à passer plus vite à chaque passage et on se met à comprendre comment fonctionne précisément le comportement de l’auto.
12H30. Fier des progrès accomplis à chaque passage sur le circuit au volant de sa R8, on perd toute notion du temps et il est déjà l’heure d’aller déjeuner au sein du paddock du HTTT.
Apothéose
Il est 14 Heures, on redémarre le V8 de sa R8 pour retourner sur la piste. Là, le programme évolue considérablement. On assiste à un briefing surréaliste à des années lumières de ce qu'on pouvais imaginer pour un stage de pilotage encadré par des moniteurs. « Bon, vous êtes sur un circuit magnifique au volant d’une voiture de sport de 420 chevaux et vous avez eu toute la matinée pour découvrir la piste et apprendre les techniques de pilotage basiques. Alors maintenant c’est piste libre à tous, LACHEZ-VOUS! Vous êtes là pour vous amuser et ici on peut se permettre de prendre le risque de rouler très fort, quitte à faire quelques erreurs tant qu’on ne tombe pas dans le drift sauvage à la Fast & Furious. »
Incroyable. Au lieu des habituelles interdictions hautement castratrices, ce sont les moniteurs eux-mêmes qui vous poussent au crime en vous incitant à utiliser à tout prix les enseignements techniques du matin. Je peux difficilement retranscrire l’état mental dans lequel j’étais en enchaînant les tours en totale liberté au fil des trois séries de tours organisées dans l’après-midi, mais jamais je n’aurais crû pouvoir prendre un tel pied dans le cadre d’un stage de pilotage encadré par des moniteurs. Le plus remarquable c’est que malgré cette liberté, les moniteurs continuent à observer votre comportement. Pas pour vous freiner, bien au contraire : entre chaque session de tours, vous avez encore droit à un briefing personnel où on énonce vos défauts persistants pour tenter de vous faire rouler toujours plus vite.
La journée se termine peu avant 17 heures avec pour ceux qui le veulent, un baptême en passager à coté d’un des pilotes - instructeurs. A déconseiller fortement car cette séance blessera votre orgueil en vous montrant à quel point vous êtes lent par rapport à un vrai pilote.
Enfin, on ramène sagement sa R8 jusqu’aux ateliers Oreca à Signes pour un dernier trajet routier au terme duquel il faudra bien finir par vous séparer de la berlinette allemande.
La formule parfaite?
Évidemment tout cela a un prix et il est logiquement conséquent avec un tarif de 990 euros TTC par stagiaire - pilote. C’est certes très cher, mais un peu moins lorsqu’on se rappelle qu’un stage « promène couillon » de 5 tours en Ferrari coûte déjà 300 euros. Là, on passe une journée complète sur le Paul Ricard HTTT avec une authentique voiture de sport, une liberté totale et surtout un vrai apprentissage en matière de pilotage. Pour moi, ça se rapproche dangereusement de la journée de rêve et j’ai du mal à imaginer comment on pourrait faire mieux que ça.
Si vous êtes tout près de craquer pour le Stage R8, sachez que les prochaines sessions auront lieu dès le mois de mai.